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Pourquoi choisit-on ce partenaire et pas un autre ?

Dernière mise à jour : 4 sept.

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Une de mes proches, vivant en couple depuis plusieurs décennies avec un compagnon toxique, m’a dit un jour : « On ne quitte pas quelqu’un de malade. »

Mon esprit a aussitôt réagi : mais alors… pourquoi le choisit-on ?


Quelques années plus tard, je découvrais moi-même la force, mais aussi la violence, de ce qu’on appelle le coup de foudre. J’ai rencontré un homme qui allait provoquer en moi une déflagration intérieure : la perte totale de mes sécurités internes, de mes boussoles, de mes repères. La foudre a consumé en un instant les forces qui m’auraient permis de partir vite, avant que tout ne soit réduit en cendres.


Au bout de quatre ans, lors d’une consultation à la cellule d’urgence psychologique suite à une violente altercation, le médecin me dit :

« Madame, faites-vous suivre immédiatement. Appelez un psychologue dès que possible. »À ma surprise, il ne s’inquiétait pas pour mon compagnon, pour qui nous venions consulter, mais pour moi. Plus tard, alors que mon entourage m’exhortait à partir, que la thérapeute de couple et mon médecin de famille me glissaient discrètement que la seule issue était la fuite, une question continuait de me hanter : pourquoi l’avais-je choisi, lui ?


Donner un sens à ce choix, le justifier par des concepts, des théories, des pistes de compréhension… c’était pour moi la seule manière de ne pas sombrer. Comprendre pour survivre.


Aujourd’hui, dans mon cabinet, le « hasard » — qui n’existe pas — m’amène de nombreuses femmes en proie au même vertige. Elles traversent, elles cherchent, elles crient leur besoin de comprendre :

« Pourquoi lui ?  Pourquoi je n’arrive pas à le quitter ? »


Je suis honorée d’avoir aujourd’hui quelques réponses à leur apporter.

Lorsqu’une histoire d’amour commence, il est tentant de croire que tout repose sur le hasard. En réalité, nos choix amoureux obéissent à des dynamiques profondes, souvent inconscientes. Ce n’est pas la chance, ni l’alignement des planètes, qui nous pousse vers une personne plutôt qu’une autre, mais bien notre histoire intérieure — c’est elle qui appuie sur le bouton « go » ou déclenche les alarmes de sécurité lors d’une rencontre. Et parfois… les deux en même temps : alerte maximale mais j’y vais quand même.


Mais si le choix vient de notre Moi profond, comment expliquer que nous allions-nous si souvent vers des personnes qui réveillent la douleur ?



1. Nos expériences d’enfant : les blessures d’attachement


Dès la naissance, chacun de nous développe un style d’attachement : c’est la manière dont nous avons été accueilli, sécurisé, aimé par nos parents ou nos figures de référence, qui deviendra notre marque de fabrique, notre protection et notre faille ⚡…


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Manque de constance, peur de l’abandon, distance affective ou au contraire étouffement… toutes ces expériences nous poussent dès le plus jeune âge à mettre en place des mécanismes de protection, qui donneront une teinte à notre manière d’aimer.

La psychologie moderne parle de 4 styles d’attachement :


  • Attachement sécurisant :

Si nous avons été entourés, entendus et réconfortés, nous développons un attachement sécurisant, qui favorise plus tard des relations stables.

Exemple : une petite fille qui a grandi avec un père présent et encourageant développe la conviction qu’elle a de la valeur. Plus tard, elle cherchera un compagnon avec lequel elle pourra construire une relation équilibrée et confiante.


  • Attachement anxieux :

Si nous avons manqué de constance, nous pouvons développer un attachement anxieux, avec la peur d’être abandonné et la recherche constante de validation auprès de notre partenaire. Cela crée un besoin de relation très fusionnelle, mais accompagné d’une peur constante de la séparation et d’un besoin permanent d’être rassuré.

Exemple : un enfant dont la mère disait « je viendrai te voir » mais annulait souvent au dernier moment peut, adulte, être attiré par des partenaires instables espérant cette fois retenir leur attention.


  •  Attachement évitant :

Si l’amour reçu a été froid ou distant, dans une famille où montrer ses émotions était perçu comme une faiblesse, nous développons souvent un évitement protecteur. Cela peut se traduire par une fuite de l’intimité, l’évitement des conflits ou des conversations profondes, et une préférence marquée pour l’autonomie (« on ne s’emballe pas, on se voit un week-end sur deux, d’accord ? ».

Exemple : un homme dont la mère a toujours minimisé ses émotions peut, adulte, garder ses distances et se fermer dès que la relation devient trop intime.


  • Attachement désorganisé :

Parfois, en cas de vécu instable ou traumatique, nous adoptons un attachement désorganisé, mélange de désir de proximité et de peur de l’autre.

Exemple : une femme qui a grandi dans un climat de violence peut à la fois rechercher la sécurité d’un homme protecteur et se méfier de lui dès qu’il élève la voix.


Ces empreintes précoces marquent profondément notre façon d’aimer et orientent nos choix amoureux, un peu comme des boussoles invisibles. Et, sans même nous en rendre compte, nous allons vers ce qui nous est familier. Nous n'avons pas "un style d'homme/femme" mais bien un style d'attachement "traumatique" : un peu comme une addiction émotionnelle que notre cerveau a développé suite à nos expériences affectives infantiles. Bien souvent, nous attirons à nous des hommes ou des femmes avec lesquels nous rejouons les mêmes scénarios, même quand l’histoire sonne faux ou fait mal.



2. Nos besoins émotionnels profonds : anima, animus et ombre


Nous sommes attirés par des personnes qui viennent, consciemment ou non, combler un vide intérieur. Pourquoi choisir un homme charismatique, sensible, ou bien une femme forte et directive, aventurière ou artiste ?


Carl Jung parlait de l’ANIMA (la partie féminine inconsciente pour l’homme ♂️) et de l’ANIMUS (la partie inconsciente masculine pour la femme ♀️). Ces parties de nous sont souvent incomplètes ou refoulées, et nous projetons alors sur le partenaire ce que nous n’osons pas reconnaître en nous :


« J’ai besoin d’un homme fort qui sache toujours quoi faire, parce que moi je n’y arriverai jamais seule. » 👉Ici, la femme projette sur son partenaire son animus refoulé : sa propre capacité à décider, agir et prendre sa place.

« Elle est tellement douce et apaisante… sans elle, je serais perdu. »👉Ici, l’homme projette sur sa partenaire sa part féminine refoulée : sa propre capacité à se calmer, à être tendre et réceptif.


Ce qui nous séduit chez l’autre correspond souvent à une part de nous que nous n’assumons pas. Au début, cela nous fascine : on admire sa force, sa liberté, sa sensibilité, son aplomb, sa stature, son charisme … Mais très vite, cette même qualité peut devenir insupportable, car elle peut réveiller une faiblesse ou une blessure en nous. Une femme timide, fascinée par un homme charismatique et sûr de lui, peut finir par se sentir écrasée ou contrôlée. Un homme rationnel, séduit par l’intuition et la sensibilité de sa compagne, peut ensuite la trouver « trop émotive » et en être agacé.


Je pense à Florence Foresti : " il joue de la guitare, ... comme un dieu, c'est un artiste, je l'adooooore 🧡.... " 6 mois plus tard :"mais ferme ta g... avec ton banjo ou je te le fous dans le f..." 🤣LA FEMME AMOUREUSE


Ma cliente : « Pourquoi suis-je toujours attirée par des hommes charismatiques et ambitieux ? »

Moi : « Et où en êtes-vous, vous, avec votre propre ambition et votre pouvoir ? »

Ma cliente (après un silence) : « Ah… c’est vrai que je n’ose jamais me mettre en avant. J’ai peur qu’on me juge, alors je reste dans l’ombre. »

Moi : « Alors peut-être que ces hommes vous fascinent parce qu’ils incarnent une part de vous que vous n’osez pas encore exprimer. Ils vous tendent un miroir. »


Autrement dit : l’autre agit comme un miroir. Il met le doigt là où ça fait mal, là où nous ne sommes pas encore au clair avec nous-mêmes. Tant que nous n’avons pas 1) ramené à la conscience ces petits bouts de nous cachés dans l'ombre 2) intégré ces parties en nous, nous les projetons sur l’autre, et c’est cette projection qui guide une grande partie de nos choix amoureux.



3. La répétition des schémas : le familier qui rassure (même s’il fait mal)


Nous avons une étrange tendance à reproduire les scénarios connus, même s’ils nous font souffrir.


Pourquoi ? Parce que le familier est perçu par notre inconscient comme plus « sûr » que l’inconnu. Nous recréons ainsi, sans le vouloir, les mêmes dynamiques : chercher un père distant, rejouer une relation fusionnelle avec une mère, reproduire un conflit ou une loyauté familiale. Ce que nous appelons « hasard » ou « destin » est bien souvent une répétition déguisée… jusqu’à ce que nous en prenions conscience.


Une femme ayant grandi avec un père froid et distant pourra, sans le vouloir, être attirée par des hommes peu disponibles affectivement. Un homme ayant vécu une relation très fusionnelle avec sa mère pourra, adulte, rechercher une compagne qui l’étouffe… pour ensuite lui reprocher de trop envahir son espace.


C’est comme si notre âme cherchait à « réparer » le passé, à guérir une blessure en la rejouant. Et c’est là toute la subtilité : tant que nous n’avons pas mis de lumière sur ces scénarios, nous les rejouons encore et encore. Je parle en connaissance de cause. J’ai passé 43 ans à chercher la sécurité dans des scenarios qui se sont avérés insécures.


L’inconscient adore ce qui lui est familier, même si c’est blessant, car c’est perçu comme le moindre mal : mieux vaut souffrir d’une histoire connue que de s’aventurer dans l’inconnu.


Ce n’est pas du hasard, ce n’est pas non plus de la malchance. La bonne nouvelle, c’est qu’une fois conscientisés, ces schémas peuvent être déjoués. C’est ce passage à la conscience qui ouvre la porte à d’autres choix, plus libres, plus ajustés, ou à l’apaisement de la relation tout simplement.



4. Les loyautés transgénérationnelles : quelle patate chaude dans mes mains ?


Nos choix amoureux ne sont pas uniquement liés à notre propre histoire : ils portent aussi l’empreinte des générations qui nous ont précédés 👣.


Par loyauté inconsciente envers notre famille, nous pouvons répéter certains schémas :

  • choisir un partenaire qui rappelle un parent,

  • reproduire un mariage malheureux,

  • rester avec une personne « pour sauver la famille » ou « réparer une blessure » qui ne nous appartient pas.


En psychogénéalogie, il n’est pas rare de remarquer que certains partenaires ont des dates de naissance, des prénoms, des noms de famille, voire une origine géographique, qui résonnent avec notre histoire familiale. Ces correspondances ne sont pas du hasard : elles traduisent ce que l’on appelle des loyautés invisibles, une fidélité inconsciente à des schémas ou blessures hérités de nos ancêtres.


Voici quelques exemples :


·       Une femme dont le père est né un 3 mars pourrait être inconsciemment attirée par un homme né le 3 du mois, ou portant un prénom similaire.

·       Une femme dont les lignées maternelles et paternelles portent le deuil d’une Simone, peut tomber amoureuse d’un homme dont le nom de famille est Simone (chéri, si tu me lis ;-)

·       Un homme ayant grandi dans une famille où un ancêtre a dû quitter son pays pour survivre pourrait être attiré, sans le savoir, par une femme étrangère. Cette attraction inconsciente traduit une loyauté invisible envers la migration ou le déracinement de ses ancêtres, comme s’il cherchait à revivre ou réparer cette histoire.


Ces résonances expliquent pourquoi certains choix amoureux semblent si étrangement familiers ou guidés par quelque chose de plus grand que nous.

Les loyautés familiales invisibles nous enferment parfois dans des choix qui semblent absurdes de l’extérieur, mais qui, au niveau inconscient, répondent à un besoin de fidélité à notre lignée, duquel il est difficile de se soustraire, sans en avoir pris conscience. 

 


Conclusion : Rien n’est au hasard


Pourquoi lui/elle ?


Evidemment, je n’ai pas fait le tour de la question, car il aurait fallu des pages et des pages.

J’aurais pu rajouter :

les scénarios inconscients (nous rejouons le rôle que nous nous assignons très tôt : victime-bourreau-sauveur, et choisissons des partenaires qui nous maintiennent dans ce scenario),

les croyances culturelles et sociales (nos représentations de l’amour influencent ce que nous jugeons attirant, désirable ou acceptable),

nos besoins « évolutifs et contextuels » (nous choisissons un partenaire pour avancer dans une étape de vie précise : sécurité, construction familiale, etc),

✅et toute une panoplie de chimie et d’hormones qui rajoutent de multiples facteurs à cette équation.


Nos attachements, nos projections, nos blessures, nos traumas et notre maturité : tout cela compose une boussole intérieure 🧭. Nous choisissons un partenaire non pas parce qu’il est «parfait », mais parce qu’il fait résonner nos histoires les plus profondes.

Au fil des expériences, avec une certaine prise de conscience, et parfois des grosses gamelles, nous avons le pouvoir de réécrire notre partition, de mettre en lumière ce qui a guidé nos choix, et de ne plus subir nos automatismes.

 

Après avoir souffert, beaucoup redoutent de se réinvestir. On croit parfois qu’il faut attendre d’être totalement guéri avant de revivre l’amour. Mais la guérison ne se fait pas dans la solitude, isolé dans un centre de méditation, ou en investissant des sommes astronomiques en thérapie. Elle se fait dans le contact, dans la rencontre, dans le miroir que nous tend l’autre.


La relation peut blesser à nouveau… mais elle peut aussi réparer. Peut-être que le véritable sens d’une rencontre n’est pas de « trouver la bonne personne », mais de découvrir, à travers elle, un chemin vers soi.


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